Eva Hernandez est actrice. Formée au Conservatoire national d’art dramatique, sa vie se passait loin de Dieu. Jusqu’à une rencontre avec un metteur en scène.
Propos recueillis par Claire Perol
Ma première rencontre avec Dieu fut à l’âge de 11 ans quand une amie de primaire me proposa un jour d’aller au catéchisme. N’ayant pas grandi dans une famille chrétienne, je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre, mais j’y suis allée pour le partage et pour voir d’autres enfants. Je n’ai pas été déçue et j’ai poursuivi les rendez-vous hebdomadaires.
À l’âge de 13 ans, j’ai reçu le sacrement du baptême, j’ai fait ma communion et ma profession de foi, sans comprendre l’ampleur d’une telle décision. Puis, de 15 à 27 ans je n’ai plus eu aucun suivi spirituel.
Un jour de février 2009, alors que je faisais mes courses au supermarché de Pigalle, un homme à la caisse m’a demandé gentiment ce que je faisais dans la vie. Je lui ai répondu : « Du théâtre. » Il m’a dit : « J’en étais sûr ! » Et nous voilà installés au café d’en face présentant chacun nos parcours respectifs. Très vite, Michel Pascal s’est mis à me parler de sainte Thérèse de Lisieux et m’a partagé son envie de monter un spectacle sur sa vie. S’il m’avait parlé de Thérèse avec la même exaltation, mais sans me proposer de travailler, je serais partie en courant, me disant que j’étais tombée sur un idolâtre ! Nous nous sommes alors mis à écrire le texte ensemble pendant plusieurs mois.
Je me disais que pour interpréter la vie d’une sainte, il fallait au moins que je sache ce qu’est une prière, une vocation religieuse et que j’observe un peu cette vie. J’ai découvert les oraisons du matin à 8 heures au Sacré-Cœur de Montmartre : pendant trois mois de suite, j’y suis alle tous les matins, parfois même à midi ou le soir, en me disant toujours que c’était pour le travail, pour la pièce que nous écrivions. En réalité, sans le savoir encore, j’avais une soif immense de louer Dieu, de communier. En marchant dans Paris, je m’arrêtais dans des églises inconnues et j’assistais à des enterrements, des mariages, des messes… Je voulais « comprendre », ressentir de l’intérieur, pour mieux interpréter.
Au début du travail, j’ai eu beaucoup de difficultés à m’abandonner : je cherchais à posséder le texte, le rôle, et cela ne marchait pas. J’ai alors traversé une longue période de doute. J’ai fini par découvrir que ma vocation d’actrice avait un sens réel, que la vie, Dieu, m’offrait le don de jouer, que cela ne servait à rien d’enfouir mon talent, de le cacher. Une fois digérée l’idée que « le don se donne », j’ai lâché prise. Le 6 septembre 2010 eut lieu la première d’Histoire d’une âme, au carmel de Montmartre, devant les carmélites, meilleures « juges » pour commencer. Un succès !
Depuis lors, nous avons joué 300 représentations. Je ne me lasse toujours pas de jouer, grâce à la foi. Depuis trois ans maintenant, je garde cette même soif, j’apprends à prier tous les jours. Tout cela me donne une assurance, une confiance imparable face à toute épreuve. La vie d’artiste est un vrai combat, un combat pour la reconnaissance et la gloire. Mais vers qui est dirigée cette gloire ? Elle est parfois trop dirigée vers les artifices d’ici-bas. J’ai découvert que la vie religieuse, la vie spirituelle est aussi un réel combat, un combat pour la gloire, mais pas la gloire à l’échelle humaine, qui ne mène qu’à l’idolâtrie : la Gloire qui nous élève au-dessus de nous-même, la Gloire qui nous conduit à l’amour véritable.
Ma rencontre avec sainte Thérèse est un miracle mais j’ai découvert qu’un miracle, ce n’est pas quelque chose qui tombe du ciel d’un coup de baguette magique. C’est une vraie rencontre entre l’humain et le divin, et l’humain doit engager une motivation qui le dépasse complètement… Grâce à Thérèse, j’apprends chaque jour l’humilité, la charité, la persévérance, et ce n’est pas encore gagné. J’ai du pain sur la planche… sur les planches !