Communication non-violente : et si on essayait ?

21 janvier 2014

communication non violente

Relations. Un grand mot pour une méthode très simple. La Communication non-violente – CNV pour les habitués – peut changer notre manière de vivre en famille, en couple, au travail… L’essayer, c’est l’adopter!

Extraits choisis par Émilie Pourbaix

La « Communication non-violente » peut être efficacement appliquée à tous les niveaux de communication et à toutes sortes de situations. Pour certains, la CNV permet de créer des rapports de couple plus profonds et plus attentifs. D’autres l’emploient pour établir des relations plus efficaces dans leur vie professionnelle, dans les relations familiales, le milieu scolaire, la relation thérapeutique, les négociations diplomatiques et les relations d’affaires, la résolution de conflits et les différends de toutes sortes.

La démarche de la CNV

Voici les quatre points qui constituent les quatre composantes de la CNV. Dans un premier temps, nous observons ce qui se passe réellement dans une situation donnée : qu’est-ce qui, dans les paroles ou les actes d’autrui, contribue ou non à notre bien-être ? L’important est de parvenir à énoncer ces observations sans y mêler de jugement ou d’évaluation – ce qui revient à dire simplement quels sont les faits que nous apprécions ou n’apprécions pas. Puis, nous disons ce que nous ressentons en présence de ces faits : sommes-nous tristes, joyeux, inquiets, amusés, fâchés ? En troisième lieu, nous précisons les besoins à l’origine de ces sentiments. C’est la conscience de ces trois composantes qui nous permet de nous exprimer clairement et sincèrement en CNV. La mère d’un adolescent pourrait ainsi exprimer ces trois points en disant à son fils : « Félix, quand je vois trois chaussettes sales sous la table du salon et deux autres sous la télé, je suis de mauvaise humeur parce que j’ai besoin de plus d’ordre dans les pièces que nous partageons. » Elle compléterait aussitôt en exprimant la quatrième composante, à savoir une demande précise et complète : « Tu veux bien ranger tes chaussettes ou les mettre au sale ? » Ce quatrième élément indique précisément ce que l’on désire de la part de l’autre, afin que notre vie soit plus agréable.

Ecouter l’autre

Ainsi donc, une partie de la CNV vise à exprimer très clairement ces quatre éléments d’information, en les verbalisant. L’autre aspect consiste à recevoir ces quatre mêmes éléments d’information de la part de notre interlocuteur. Dans le message qu’il nous adresse, nous cherchons tout d’abord à percevoir les faits qu’il observe, ce qu’il ressent et les besoins qu’il éprouve, puis à identifier ce qui pourrait contribuer à son bien-être en écoutant le quatrième élément, sa demande. En focalisant notre attention sur ces quatre points, et en aidant l’autre à suivre la même démarche, nous établissons un courant de communication qui débouche tout naturellement sur la bienveillance : je dis ce que j’observe, ressens et désire, et ce que je demande pour mon mieux-être ; j’entends ce que tu observes, ressens et désires, et ce que tu demandes pour ton mieux-être.

Décrypter les critiques 

Les jugements, critiques, diagnostics et interprétations portant sur les autres sont autant d’expressions détournées de nos besoins. Si quelqu’un dit : « Tu ne me comprends jamais », il nous dit en réalité que son besoin d’être compris n’est pas satisfait. De même une épouse qui déclare à son mari : « Tu rentres tard du travail tous les soirs depuis une semaine. Tu aimes plus ton travail que moi », dit en fait que son besoin d’intimité n’est pas satisfait. Lorsque nous exprimons indirectement nos besoins en passant par des jugements, des interprétations et des images, l’autre risque d’entendre une critique. Et lorsqu’il entend quelque chose qui ressemble de près ou de loin à une critique, il a tendance à mettre toute son énergie dans l’autodéfense ou la riposte. Si notre souhait est de recevoir de l’autre une réponse empathique, il est contre-productif d’exprimer nos besoins sous forme de jugement sur son comportement. En revanche, mieux nous parviendrons à associer nos sentiments à nos besoins, mieux l’autre pourra y répondre avec empathie. J’ai constaté à maintes reprises qu’à partir du moment où les gens parlent de leurs besoins plutôt que des torts des autres, il devient plus facile de trouver des moyens de satisfaire tout le monde.

Marshall B. Rosenberg est le fondateur du Centre pour la Communication non-violente. Il voyage dans le monde entier pour intervenir en tant que médiateur dans les conflits et promouvoir la paix.

 

 

TROIS CLES POUR  : Approfondir la CNV

Les jugements et les critiques sont des expressions détournées de nos besoins

1. La communication aliénante. Certaines façons de parler et des modes de communication particuliers nous incitent à des comportements violents – envers les autres et envers nous-mêmes. Je parle alors de « communication qui coupe de la vie ». L’un de ces modes de communication est le recours à des jugements moralisateurs envers l’autre, dont nous avons tendance à dire qu’il est dans le faux ou qu’il est mauvais lorsque ses actes ne correspondent pas à nos valeurs. C’est ce que reflètent des expressions telles que « Le problème avec toi, c’est que tu es tellement égoïste… » ou « Elle est paresseuse », « Ce n’est pas correct »… Avec ce langage, nous focalisons nos pensées et nos paroles sur les torts de l’autre quand il a certains comportements, ou sur les nôtres, lorsque nous ne comprenons ou nous ne réagissons pas comme nous le voudrions. Notre attention se porte alors sur la classification, l’analyse et l’évaluation des torts de l’autre, au lieu de se concentrer sur ses besoins et les nôtres propres qui ne sont pas satisfaits. Si par exemple ma compagne a besoin de plus d’attention que je ne lui en accorde, elle est « exigeante et dépendante » ; si en revanche, c’est moi qui ai besoin de plus de tendresse, elle devient « lointaine et insensible ».

2. L’écoute empathique. L’empathie est une façon de comprendre avec respect ce que les autres vivent. Dans la relation à l’autre, il n’y a empathie qu’à partir du moment où nous parvenons à écarter tous préjugés et jugements à son égard. L’empathie veut que nous portions toute notre attention sur le message de l’autre, que nous accordions à l’autre le temps et l’espace dont il a besoin pour s’exprimer pleinement et se sentir compris.

3. Paraphraser. Après avoir écouté et entendu ce que l’autre observe, ressent, désire et demande pour rendre sa vie plus conforme à ses vœux, peut-être aurons-nous envie de lui dire en le paraphrasant ce que nous avons compris. Cela lui confirmera, le cas échéant, que nous avons bien compris son message, ou lui donnera au contraire une occasion de nous corriger.

TÉMOIGNAGE« Comme si c’était si simple ! »

Alors qu’il anime un atelier sur la CNV, un participant accuse Marshall B. Rosenberg d’être « l’orateur le plus arrogant que j’aie jamais vu ! »

MBR (tentant de deviner ce qui se cache derrière les observations de son interlocuteur) : « Réagissez-vous parce que j’ai pris trente bonnes minutes pour présenter mon point de vue, avant de vous donner l’occasion de parler ? » Phil : « Non, parce que vous présentez les choses comme si c’était si simple. » MBR (essayant d’obtenir plus de clarté) : « Ce qui vous fait réagir, c’est que je n’ai rien dit de la difficulté que certaines personnes peuvent éprouver à appliquer le processus ? » Phil : « Non, pas certaines, vous ! » MBR : « Vous sentez-vous contrarié parce que vous auriez aimé avoir de ma part un signe montrant que j’éprouvais moi-même des problèmes avec le processus ? » Phil : « Exactement. » MBR (plus détendu, maintenant que je suis relié à son sentiment et à son besoin, je porte mon attention sur ce qu’il pourrait me demander) : « Voudriez-vous que je reconnaisse là, maintenant, qu’il m’arrive d’avoir beaucoup de mal à appliquer le processus ? » Phil : « Oui. » MBR (ayant clarifié son observation, son sentiment, son besoin et sa demande, je vérifie en moi si je suis prêt à répondre à sa demande) : « Oui, j’ai souvent du mal à suivre le processus. Mais ce qui me permet de traverser les difficultés, ce sont les liens étroits que je vis avec les autres lorsque je parviens à rester dans le processus. »

Aller plus loin :

LES MOTS SONT DES FENETRES (OU BIEN CE SONT DES MURS), Introduction à la Communication non-violente, Marshall B. Rosenberg, La Découverte, 2005

LES RESSOURCES INSOUPCONNEES DE LA COLERE, Marshall B. Rosenberg, Jouvence, 2011

www.nvc-europe.org

 

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