Jacques Gamblin : Une belle personne

17 avril 2014

Jacques Gamblin

Jacques Gamblin est à l’affiche du long métrage De toutes nos forces. Dans ce très beau film, un père et son fils en fauteuil concourent ensemble à l’Ironman, un triathlon des plus difficiles.

Propos recueillis par Magali Michel

Très sain, Jacques Gamblin ! Le comédien granvillais a le physique du marathonien. Et pour cause. Sportif de nature, il court, nage, pédale depuis des mois pour être crédible à l’écran. Se lancer dans un triathlon avec un fils en fauteuil, ça ne s’improvise pas. Pour aller au bout de leur rêve, Paul et Julien, dans le film de Nils Tavernier, actuellement en salles, partagent huit mois d’entraînement, quelques gamelles et beaucoup de bonheur. Au final leur exploit sportif est presque peu de chose comparé à la résurrection d’un couple, victoire sentimentale que supporte l’émouvant duo du père et de son fils handicapé. Dans ce feel-good movie, testostérone et endorphines font de la grimpette. Le cardiofréquencemètre s’envole. L’émotion atteint des sommets de vérité, car le fond de l’histoire est vrai. Un père américain et son fils handicapé ont déjà couru ensemble plusieurs triathlons. Dites-moi, si la vie est un rêve… réalisons-le comme ces deux-là ! Avec ou sans cinéma.

Qu’avez-vous aimé dans cette histoire ?

Que la force de conviction d’un adolescent ait pu renverser des montagnes. Je suis touché qu’un enfant qui, d’une certaine façon, a séparé le couple de ses parents le recompose. Il est comme un accordéon, cet enfant. Il fait expirer et inspirer sa famille. Il est à l’origine de l’évaporation de l’amour et en même temps à l’origine de retrouvailles.

L’histoire est vraiment très belle…

Et dans cette histoire très simple, il y avait tous les pièges de la sensiblerie à deux balles, du pathos, de l’apitoiement, des bons sentiments… La meilleure façon de les déjouer, c’était justement de disparaître derrière les rôles, d’être dans l’humilité de la vie des personnages et de ne rien chercher d’autre que d’être au plus vrai.

Que dire de la relation père-fils ?

J’aime qu’elle se passe à travers le silence et l’épreuve physique. Ça me plaît beaucoup que cette relation se recompose sans les mots, à travers la sueur et l’entraînement, dans le silence des paysages.

Vous-même, qu’avez-vous reçu de votre père ?

Quelque chose autour de la droiture, de la franchise, de l’honnêteté. C’est une qualité qu’avait mon père.

Aviez-vous une bonne relation avec lui ?

Je n’ai pas tellement rencontré mon père, en tout cas pas suffisamment… malgré sa présence tous les soirs à la maison. Mais, c’était sur les terrains de sport que je le sentais le plus proche de moi. Il était là à m’encourager dans des chemins creux. Je faisais du cross… Il était heureux avec moi dans le succès. Il ne mettait pas d’huile sur le feu dans l’échec. Je me suis dit rétrospectivement que c’était là que cet homme avait été bon pour moi.

Paul, votre personnage, est-il un héros ?

L’héroïsme, pour moi, n’est pas tant d’arriver au bout de cet Ironman avec 50 kg sur le guidon, l’héroïsme, il est tout autant du côté de la mère qui s’est occupée de cet enfant durant les années d’absence du père. Je ne veux pas majorer l’exploit sportif. Je ne veux pas lui donner plus d’importance qu’à l’exploit du quotidien, du travail de l’amour, du travail de l’éducation moins gratifiants, mais ô combien héroïques.

Comment expliquez-vous le retournement d’un père qui a fui de la maison ?

Je ne sais pas comment il se déclenche. Il y a en face de lui un fils qui veut. En acceptant le rêve de son fils, le père s’ouvre enfin à lui-même.

Le miracle du film ?

C’est l’enfant qui est le révélateur. Quelle surprise incroyable ! Comme c’est merveilleux que ça se passe ainsi !

Avez-vous été transformé par ce film ?

Oh, oui ! Clairement, oui.

Qu’avez-vous ressenti quand vous portiez Julien dans vos bras en peau à peau ?

Ah… Ça, c’était très fort ! Ça fait partie des moments de jeu les plus forts. Dès le début du tournage, j’ai dû le déshabiller, lui retirer sa combinaison, le changer. C’était tellement juste que ça se passe ainsi et qu’on voie la peau de ces deux hommes ensemble. Une relation filiale, c’est épidermique…

Parlez-nous de votre rencontre avec Fabien Héraud, le jeune homme infirme moteur cérébral qui joue le personnage de Julien ?

C’est la rencontre avec un être humain doué pour la vie, joyeux et riche, de bonne humeur, ce qui est agréable. Intelligent et sensible. Fabien est une très belle personne. C’est toujours agréable de rencontrer de belles personnes quel que soit leur âge.

C’était votre premier contact avec le handicap.

Oui, et la prise de conscience que tout ça était bien plus simple que je ne pensais. J’étais en grande confusion, n’ayant jamais vraiment été tout à fait en proximité avec le handicap.

Qui étiez-vous avant le film ?

J’étais pétri de maladresses, d’a priori, de peurs, de doutes, d’incapacités à savoir comment faire, avec une certaine confusion sur le handicap mental, le handicap moteur… Quelqu’un qui avait des difficultés d’élocution, je le mettais tout de suite dans la case débile mental… Et puis là, est venu le film, c’est une chance formidable, rien que pour ça.

Après coup ?

Ça m’a fait du bien de me sentir moins idiot.

Votre bilan ?

On a placé de l’anormal au mauvais endroit. On peut avoir des relations tout à fait simples et normales avec une personne handicapée. Quand on traverse l’écran, quand on traverse le voile, on se rend compte à quel point c’est simple. On parle presque trop du handicap à propos de ce film, alors que lorsqu’on le regarde, on oublie, on est juste dans la relation.

Il paraît que lors du tournage Fabien a rallié tout le monde…

Il a libéré chacune des personnes qui travaillaient avec lui. Il nous a tous libérés. De nos ignorances et de nos peurs. Du coup, ça nous a fait devenir plus joyeux.

Au fond, quel est le sens de l’épreuve sportive pour votre personnage ?

C’est le don. Il donne. Dans un premier temps, il donne pour rattraper quelque chose, après il se donne pour attraper quelque chose et puis, petit à petit, au fil de la course, il donne pour donner.

 

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