Isabelle Carré : Carréssante

29 novembre 2014

Isabelle Carré Carréssante

Rencontre. Elle est carrément belle dans le rôle de sœur Marguerite. Après Les émotifs anonymes, Isabelle Carré est à nouveau dirigée par Jean-Pierre Améris dans Marie Heurtin, un film clairvoyant.

Propos recueillis par Magali Germain.

Isabelle Carré prête sa jolie frimousse à sœur Marguerite dans Marie Heurtin. Pour le film de Jean-Pierre Améris, l’actrice a fait vœu de pugnacité. Elle y incarne une religieuse qui arrache une fillette à la nuit. Marie Heurtin est née sourde et aveugle. Son comportement d’enfant sauvage la destine à l’asile. C’est compter sans la clairvoyance d’une bonne âme. Suivez mon regard. Isabelle Carré fait revivre à l’écran le match de sœur Marguerite qui ne s’épargne ni les beignes, ni les bleus pour rejoindre Marie dans son mutisme. Petit à petit, en imaginant une communication tactile, la religieuse relie Marie au monde. Cette histoire de lien, d’amour et de bonté est (sur)naturellement bouleversante.

Pour Marie Heurtin, vous avez appris la langue des signes…

Une grande découverte, cette langue ! Rencontrer toutes ces personnes sourdes et malentendantes, communiquer avec elles librement grâce aux cours que j’ai pris fut beaucoup plus simple que je ne pensais. Avec des rudiments, on se parle très vite.

Pourquoi faut-il aller voir Marie Heurtin au cinéma ?

Très peu de films abordent le sujet des enfants sourds-muets, c’est assez incroyable. La langue des signes est pourtant tellement cinématographique, belle à voir, expressive, sensible, ça vaut la peine !

Marie Heurtin est aussi un film sur l’éducation.

En Marie, emmurée en elle-même, sœur Marguerite entraperçoit des possibilités. Elle y croit dur comme fer et va au bout de sa foi. Cette foi, c’est la plus belle chose au monde ! Croire en l’autre et petit à petit l’amener à aller bien plus loin, c’est magnifique.

Votre leçon du film ?

Les mots, c’est très beau, mais on a mille autres moyens pour communiquer et partager.

Dieu ? Comment le voyez-vous ?

Pour moi c’est des bras. Des bras qui consolent.

Le signe de la croix est-il parlant pour vous ?

La croix est un symbole de souffrance. Évidemment on partage cette condition douloureuse dans la maladie, dans les épreuves. Je préfère avoir en tête des symboles plus joyeux. Je suis plus sensible au Saint-Esprit symbolisé par une colombe, des rayons, la luminosité. J’aime aussi l’image de Marie et de Jésus, de leur tendresse.

Près de Poitiers, à Larnay, la congrégation des Filles de la Sagesse continue à recevoir de jeunes sourds-aveugles. Votre rencontre avec les religieuses ?

En fait je n’ai pas tellement rencontré les sœurs lors de mon passage à Larnay. C’était l’heure de la sieste. (Rires.) Par contre, je suis allée sur la tombe de sœur Marguerite et sur celle de Marie Heurtin. On leur a confié le film. C’était tout simple, émouvant et très joli.

Êtes-vous une Isabelle la Catholique ?

J’ai eu une éducation catholique, mais c’est plus mélangé. Il y a des symboles catholiques que j’aime beaucoup et des paroles hassidiques que j’aime beaucoup. J’ai l’impression de faire mon chemin, de vivre ma foi à ma façon.

Votre vie de tous les jours ?

Auparavant le quotidien me faisait peur parce que je le trouvais un peu ennuyeux pour tout dire. Le théâtre, les grands textes me donnaient beaucoup d’intensité. Revenir au quotidien, c’était parfois un peu décevant. Aujourd’hui, c’est tout le contraire. Depuis que j’ai des enfants, j’adore le quotidien, les rituels du bain, des repas, du coucher, ces moments tout simples. Être avec eux me suffit.

« J’aime admirer », dites-vous…

Dans ce métier, on peut avoir la tentation de se comparer et de se trouver toujours moins bien que les autres. C’est au contraire chouette de se réjouir pour les autres ! Cette émotion que provoque l’admiration, c’est joyeux. C’est comme partager les bonnes nouvelles des autres, ça fait du bien.

Votre racine carrée ?

 J’ai un côté une pierre après l’autre. Je ne suis pas une grande excitée. Je crois au temps, à la possibilité de construire même si ça semble long, laborieux et ardu. Dans ma vie, pas seulement dans mon métier, je ne suis pas du tout angoissée par le fait de vieillir, au contraire. J’ai le sentiment que l’âge et le temps font leur office.

Vous, l’ermite chocolatière, qu’est-ce qui vous fait fondre ?

Les enfants. La confiance des enfants.

Une vie carrément belle ?

Oh, elle n’est pas faite de grandes choses ! Je reviens d’un tournage dans la Montagne noire. L’Aude est une des régions les plus pauvres de France. J’ai vu les gens heureux en vivant vraiment de peu.

Votre mariage vous a rendue plus libre que prévu !

C’est bizarre. Je ne voulais pas me marier. J’avais l’impression que j’allais étouffer et qu’à peine mariée, j’aurais envie de partir. C’était trop définitif. En fait, j’ai été très surprise. Finalement, ça m’a plu. Et ça dure !

Ce quelque chose de diaphane en vous… D’où vient cette lumière ?

C’est peut-être juste ma peau blanche. Je ne bronze jamais. J’attrape de gros coups de soleil. Pour parler moins prosaïquement, ça vient peut-être du plaisir que j’ai à faire ce métier. J’ai de la joie à faire ce que je fais. Ça vient peut-être de là, juste du fait d’être heureuse.

Votre livre à vivre.

Le Chemin de l’homme, de Martin Buber. J’y trouve beaucoup de réponses.

Exergue : « Je suis sensible au Saint-Esprit symbolisé par une colombe, des rayons, la luminosité. J’aime l’image de Marie et de Jésus, de leur tendresse. »

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