À quoi bon se confesser ?

22 mars 2017

Guillaume de Menthière

Débat entre Lili Sans-Gêne et le père Guillaume de Menthière.

La confession, c’est juste bon à maintenir les gens sous l’emprise de l’Église, en entretenant leur culpabilité. C’est humiliant et aliénant de se confesser devant un homme : ma vie intime, ça ne regarde personne d’autre que moi…

Qu’il y ait une part d’humiliation à aller avouer son péché, c’est certain. Pourtant, je crois que l’aveu de ses fautes est très libérateur. Tant qu’on n’a pas « craché le morceau », passez-moi l’expression, on demeure prisonnier de la culpabilité. Le grand roman Crime et Châtiment de Dostoïevski est entièrement bâti là-dessus : tant que le meurtrier n’a pas avoué son crime, il ne peut proprement plus vivre, il est la vraie victime de son meurtre.

Se confesser, ça implique de recevoir une pénitence : comme si Dieu vous punissait pour vos péchés. Je croyais que votre Dieu était un Dieu d’amour…

Vous croyiez bien ! Dieu veut notre guérison, c’est pour cela qu’une pénitence nous est proposée. Pour réparer les dégâts causés par notre péché en dehors de nous et surtout en nous. Quand vous allez chez le médecin, il vous fait une ordonnance. C’est absurde de vouloir guérir sans aucun traitement. Quel patient refuse les remèdes prescrits ? Éventuellement, il peut discuter avec son médecin pour adapter au mieux les médicaments à sa pathologie. Ainsi le rituel prévoit que le pénitent et le confesseur cherchent ensemble une pénitence appropriée. Rien à voir avec une punition ou un prix à payer !

Je trouve ça malsain de regarder tout ce qui est laid, ce qui est mauvais en nous. À force de regarder le mal, on est tiré vers le fond… Je préfère regarder ce que j’ai de bon en moi !

Vous avez parfaitement raison. Le premier temps d’une confession c’est de remercier Dieu pour tout ce qu’il met de bon en nous. Avant d’être confession des péchés, le sacrement de réconciliation est d’abord confession de louange. C’est au regard des bienfaits de Dieu que nos méfaits nous apparaissent insupportables et que nous avons hâte de les confier à la miséricorde du Seigneur.

Si c’est pour répéter à chaque fois les mêmes péchés, je ne vois pas bien l’intérêt. De toute façon ceux qui se confessent retombent toujours dans les mêmes fautes. À quoi bon demander pardon ?

Heureusement qu’on n’est pas tenu de commettre des péchés nouveaux pour retourner se confesser ! Eh quoi ? Que voulez-vous ? Des péchés à la mode ? Des péchés dans le vent ? De bons petits péchés de derrière les fagots ? Allons ! Tout le monde sait qu’il n’y a rien de plus routinier que le péché, mortellement ennuyeux… Et si vous ne confessiez pas ces fautes banales et coutumières, qui sait si vous ne tomberiez pas dans d’autres bien plus graves ? Si vous attrapez chaque année la même grippe, ne retournerez-vous pas autant de fois que nécessaire chez le médecin ? Certes, si cette maladie est trop fréquente peut-être vous proposera-t-on un traitement de choc, un vaccin, une opération, que sais-je ? D’où l’importance d’avoir un confesseur habituel qui puisse vous aider à progresser et à lutter contre vos péchés récurrents.

Franchement, plus personne ne se confesse de nos jours. À l’heure des psychothérapeutes et du développement personnel, on n’a plus besoin d’aller voir un prêtre, ça servait à ça autrefois.

C’est vrai, sur ce point comme sur tant d’autres, l’Église avait quelques siècles d’avance. Ce que les sciences humaines, les psys notamment, affirment aujourd’hui, l’Église dans sa sagesse l’enseigne et le pratique depuis longtemps : la prise en compte de l’âme, l’importance psychologique de l’aveu, la nécessité de la verbalisation… Toutefois si la confession comporte indéniablement cette dimension psychologique, elle va bien au-delà. C’est le pardon de Dieu qui est en jeu. C’est plus essentiel encore. Et c’est beaucoup moins cher…

Moi, je n’oserais jamais avouer mes fautes à quelqu’un que je ne connais pas. Et encore moins à un prêtre que je connais ! Je préfèrerais demander pardon directement à Dieu, c’est aussi bien.

Vous êtes-vous donné le baptême ou la confirmation à vous-même ? Évidemment non. Ainsi l’Esprit Saint nous advient non pas par notre piété ou nos bons sentiments mais par l’eau du baptême et l’huile de la confirmation. Il en va de même pour le pardon de Dieu. Certes, on peut et on doit le demander à Dieu avec un cœur sincère, c’est ce qu’on appelle la contrition. Mais la contrition sincère inclut le vœu du sacrement. C’est aux apôtres, en effet, et à leurs successeurs que Jésus a dit : « Ceux à qui vous remettrez leurs péchés, ils leur seront remis. » Les Pères de l’Église donnaient l’exemple de Lazare, que Jésus a ressuscité. Lazare revient à la vie puis il sort du tombeau et enfin il est délié de ses bandelettes. Tu reviens à la vie quand tu demandes à Dieu pardon de ton péché. Tu sors du tombeau quand tu avoues au grand jour ton péché. Tu es libéré de tes liens quand le prêtre te donne l’absolution. Alors seulement tu vis à nouveau libre et heureux….

Ajoutons que ce n’est pas simplement Dieu que nous blessons par notre péché, mais aussi l’Église. Il faut aussi demander pardon à tous nos frères et sœurs en Christ qui sont affectés par nos péchés, parce que, dans un même corps, quand un membre est malade tout le corps en pâtit. Le prêtre représente aussi l’Église que j’ai blessée par mon péché.

De toute façon, je n’ai rien à me reprocher. Et puis comment se souvenir de tout ce qu’on a fait de mal ?

Si tu ne connais pas ton péché, demande à ta famille, à tes amis, à tes voisins, ils en sont souvent les victimes ! Avant d’aller se confesser il est bon de faire son examen de conscience. Il est bien rare que l’on se trouve en tout point exemplaire. D’ailleurs il ne suffit pas de penser au mal qu’on a fait mais aussi à tout le bien qu’on n’a pas fait. C’est ce qu’on appelle le péché par omission. Celui dont Jésus parle lorsqu’il dit : « J’avais faim et vous ne m’avez pas donné à manger, j’étais malade et vous n’êtes pas venus me visiter etc. » Avouons que la prise en compte du péché par omission alimente assez largement notre examen de conscience… Et si, malgré cela, vous ne savez toujours pas quoi dire, allez trouver le prêtre, il vous aidera.

Une fois, je suis allée me confesser, il y a longtemps, mais je n’ai rien ressenti, aucun soulagement, aucune impression que quelque chose avait changé en moi. Cela n’a aucun intérêt si on ne ressent rien, si on ne se sent pas mieux en sortant !

Il peut y avoir des jours sans, pour le prêtre comme pour le pénitent… Toutefois, la confession n’est pas une technique de développement personnel ou de bien-être. Le sacrement de réconciliation a une véritable efficacité pour notre progrès spirituel. Tout ne se joue pas au niveau de l’affectif et du ressenti, mais au niveau objectif : j’avais péché et je suis pardonné. D’ailleurs Dieu, quant à lui, a ressenti un grand bien-être après votre confession. En effet, « il y a de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se repent » dit la Bible ! Songez à la joie du père quand son fils prodigue est de retour. Je pense que la motivation la plus profonde pour aller se confesser est bien là. Je ne me confesse pas parce qu’il le faut, pour occuper les prêtres ou parce que ça va me faire du bien : je me confesse d’abord pour réjouir le cœur de Dieu, mon tendre Père.

Guillaume de Menthière

Le Père Guillaume de Menthière est prêtre du diocèse de Paris depuis 1991. Curé de la paroisse Notre-Dame de l’Assomption de Passy et délégué de l’archevêque pour la vie religieuse, il enseigne également à l’École cathédrale (collège des Bernardins) depuis plus de vingt ans et est l’auteur de nombreux ouvrages, dont les deux derniers : Marie de Nazareth, Récit, Mame, 2014, et La nécessaire conversion, EdB, 2015.

Aller plus loin :

Guide pratique du pénitent, Guillaume de Menthière, Téqui, 2003

Le sacrement de réconciliation, Guillaume de Menthière, Téqui, 2001

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