Véronique Lévy : « Montre-moi ton visage »

13 mai 2015

Véronique Lévy

Propos recueillis par Laurence Meurville

J’ai trois ans. Sur une plage surpeuplée, une enfant de mon âge, Coralie, m’entraîne dans un lieu désert et me dit : « Crois en Jésus, sinon les robots t’emporteront ! » Elle m’apprend le Notre Père, le Je vous salue Marie. Je murmure ces prières avant de m’endormir. Sa maman est catéchiste. Chaque été, je les retrouve, assoiffée d’entendre parler de Jésus. Coralie m’offre un crucifix. Le Christ m’ouvre les bras. Je lui parle. C’est un cœur à cœur. Trois ans plus tard, mon frère Philippe, victime d’un accident, sombre dans le coma. Ma mère est tous les jours auprès de lui. Je me sens seule, me confie à Jésus et à la Vierge Marie. Leur regard d’amour m’enveloppe. Vient l’adolescence. Je flirte avec la mort. Un garçon me fait boire et me viole. Mes parents m’envoient en pension. J’y échoue avec des jeunes qui se défoncent aux drogues dures. Crise de désespoir. Un soir au réfectoire est projeté le film de Zeffirelli, Jésus de Nazareth. Je regarde en silence… Cette nuit, je fais le mur. De bar en bar, je Le cherche, cet amour où se perdre. Au bout de la nuit un garçon m’invite à danser. Je lui dis : « C’est Jésus que je veux ! »

Amour inconditionnel

Jeune adulte, ma vie se brise sur des amours déçues. J’ai soif d’un amour inconditionnel ! Je note dans mon journal intime : « Je cherche une âme profonde comme l’univers, une âme si claire, une âme d’enfant. » Alors apparaissent des songes où Dieu parle à mon cœur. Soudain, mon père meurt. Au funérarium, le cercueil, ouvert, est recouvert d’un drap en satin blanc. Comme un berceau. Le rabbin chante les psaumes : « Tu m’as tissé dans le ventre de ma mère… mon embryon, tes yeux le voyaient… » (Psaume 139). Je suis irradiée d’une joie surnaturelle. Trois jours plus tard, invitée au baptême du bébé d’une amie, elle me présente au prêtre : « Avant, Véronique avait un visage de madone… » Il répond : « Et maintenant, elle en a le cœur. » J’accueille cette parole comme une déclaration d’amour de Dieu. Je fais un songe. Je suis en deuil, recouverte d’un voile de crêpe noir. Des hommes ricanent, m’encerclent, me lancent comme une balle. Je m’arrache à ce piège et je cours. Je m’effondre. Devant moi, une cathédrale ; je m’y refugie. Les portes se referment. J’entends les battements d’un cœur, mon corps en est pénétré. Je lève les yeux… le Christ en croix me regarde, gigantesque, les bras ouverts. Soudain ils se détachent, les mains percées me font face. Les battements de son cœur s’amplifient comme le tonnerre. J’entends : « J’arracherai ton cœur de pierre et j’y mettrai un cœur de chair. » De ses paumes sortent deux lames qui transpercent mon cœur. Au réveil, cet impact est gravé en moi, comme un tatouage d’amour.

« À l’adolescence, je flirte avec la mort »

Coup de foudre : ma mère a un cancer. L’issue est fatale. Je plonge dans les amours éphémères, traîne dans un bar de la Bastille « à la lumière rouge comme le sang affleurant sous la peau ». C’est mon refuge. J’y retrouve des paumés, des anges déçus. Je m’y perds… de plus en plus. Après une nuit blanche, le dégoût m’envahit. J’ai peur de mourir sans baptême. Quelques jours après, dans ce même bar, un homme au visage d’icône, énigmatique, me dit : « Alors, petite orpheline vampire, tu étais une enfant mort-née sans baptême. » Fascinée, je tombe amoureuse. J’ai la sensation qu’Un Autre me regarde, me parle à travers lui. Il m’emmène à l’église Saint-Gervais où il se prépare au baptême. Un jour, il disparaît. Je suis anéantie. Mais Il a été un messager. Je retourne à l’église Saint-Gervais. À l’aube s’avance vers moi un moine âgé au regard étincelant. C’est Pierre Marie Delfieux, le fondateur des Fraternités monastiques de Jérusalem. Il me dit : « Véronique de Jésus, tu as répondu à l’appel brûlant du Seigneur ! » Moins de deux ans après, de reconstruction en renaissance, je reçois le baptême, le 7 avril 2012.

Petits cailloux blancs

En écrivant ce livre, le puzzle de ma vie s’est ordonné autour d’un Visage. J’ai refait le chemin parsemé depuis toujours de petits cailloux blancs (les grâces) entrelacés de fil rouge (les épreuves). Inlassablement, de son amour fou, Dieu m’attendait.

Aller plus loin :

Montre-moi ton visage, Véronique Lévy, Éditions du Cerf, 2015, 336 pages, 20 €

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